Jaune.
Les rues de cette ville ne s’arrêtaient jamais.
Horizon éloigné, tracé fixé, destination remarquée,
sous le regard de St Martin, le dessin de cette place encore endormie,
silencieuse structure à la pierre jaunie.
Vert.
Pas légers, fer dissimulé, verre flottant,
marcher dans cet espace-temps
revient à dissimuler l’euphorie du quai,
l’hyperthermie de tous ces gens.
Rouge.
Sifflet, flux rythmé, machine survoltée,
la gare abrite des moments.
Stop! Arrêtez. Prenez le temps d’admirer au-dessus de votre nez,
madame qui protège l’usager.
Encore une fois: structure fer et verrière jusqu’au ciel.
Blanche.
Départ, correspondance, arrivée,
regret, espoir, retard,
le quai, lui, ne se laisse pas impressionner
par quelques flux aléatoires.
Dernier baiser sur le quai,
dernier au-revoir au territoire de Léonard.
Adieux les statues calcaires, les panneaux faïence,
Laloux peut-être fier de cette gare en France.
Excusez-moi monsieur quel sera le prochain arrêt ?
— Orsay.
Dressée au milieu de la ville, la gare de Tours se veut porte d’entrée d’une ville où les perspectives s’affolent, où les tracés sécurisent. Victor Laloux dresse entre 1895 et 1898 un édifice en pierre et fer où il fait entrer la lumière dans une gare légère, à l’épreuve des époques, des flux et des temps.
Les saisons de Laloux. La pierre du matin rend la façade jaunie du soleil levant. La structure éclaircie vient se sublimer d’un vert frais. Les après-midi chauds, les lumières artificielles allumées, voilà que la façade rougit de sa fin de journée. Silencieuse, calme, délicate, seul le vent des quais traverse la gare sous une pierre blanche apaisée.